– Décris toi en quelques mots
Je suis Laura Stromboni, web designer et directrice artistique de formation, et je travaille depuis 6 ans à mon compte, en grande partie dans des secteurs liés au féminisme, et à l’égalité des genres. J’ai aussi co-fondé une application de rencontre à l’aveugle cette année, @wetheapp, à travers laquelle j’aimerais transmettre mes valeurs à nos utilisateurs.
Grâce à mon compte Instagram @mydearvagina, qui regroupe aujourd’hui 110k personnes, j’ai eu l’occasion d’organiser des expositions, de développer un soin pour la zone intime dite féminine, de faire plusieurs collaborations avec des artistes talentueux du monde entier, et enfin d’écrire un livre qui sort aux éditions Larousse l’année prochaine (qui regroupera presque 400 visuels et toute une partie pédagogique qui n’est pas présente sur mon compte Instagram)
– Cite nous une femme qui t’inspire
La femme de ma vie est dans doute ma mère que j’admire beaucoup, une femme tellement forte et indépendante, qui a toujours tout fait sans l’aide de personne, élevé 3 enfants et travaillé toute sa vie pour que nous ne manquions de rien. Je suis sûre que c’est grâce à elle que je porte fièrement des valeurs féministes aujourd’hui, et je ne la remercierai jamais assez pour ça. Une anecdote que je peux dire, c’est qu’elle coud beaucoup par passion, et qu’elle m’a aidé à réaliser de nombreux visuels présents dans mon prochain livre
My Dear Vagina est né en mars 2018, lorsque j’ai découvert le clip de Charlotte Abramow, une réalisatrice et photographe belge : Les Passantes (une chanson de Brassens, que vous pouvez retrouver ici : https://www.youtube.com/watch?v=wKTt8Tdeb5Y) .
Je voulais déjà faire quelque chose, montrer quelque chose, participer au mouvement, à la lutte à ma manière et à mon échelle. À l’ère du #metoo, je ressentais de la colère, de la frustration, que j’avais besoin d’extérioriser de manière créative. Ce clip m’a donné l’impulsion que je recherchais.
– C’est quoi ton objectif dans la vie actuellement ?
Aujourd’hui je publie une oeuvres par jour. Ce sont parfois les miennes, souvent celles des autres. Il s’agit toujours de mises en scènes artistiques (photo, peinture, sculpture, dessin…) de vulves. Manifeste des temps modernes, My Dear Vagina est une réelle déclaration d’amour faite aux femmes et plus généralement au corps humain par des créatifs qui cherchent à montrer leur beauté et diversité sur papier.
Selon moi, l’art tout comme le design ont un rôle majeur dans le combat féministe d’aujourd’hui. Le féminisme se définit comme étant l’égalité pure et simple entre les sexes et les genres.
Et aujourd’hui, il est revendicateur parce qu’on veut rétablir la balance, montrer ce qu’on a trop souvent caché. Et la prise de conscience c’est déjà une première étape vers la déconstruction. Dans notre société, nous sommes entourés de sexisme, à tous les niveaux.
En tant que designers, nous créons des choses que les gens voient au quotidien, dans la publicité, les livres, les magazines, les photos, les vidéos…
Nous influençons la vie de milliards de personnes, leur manière de consommer, de voir le monde qui les entoure. Nous sommes moteurs et partie prenante du changement. Si toutes les marques allaient vers une manière plus égalitaire de vendre, de faire travailler, de produire, alors les consommateurs (et les jeunes) suivraient. Et pour ça, il faut éduquer les plus jeunes et rééduquer tous les autres.
Les vrais changements auront lieu, je pense, lorsque toutes les personnes discriminées ne seront plus les seules à se sentir réellement concernées et investies par leur combat pour l’égalité. Les femmes en font parties, bien-sûr, mais il y a aussi les minorité de genre, ou plutôt toutes les personnes ne sont pas des hommes blancs, cisgenres, hétérosexuels. En résumé, tout changera lorsque tout le monde se lèvera et revendiquera l’égalité.
Cette année, mes plus belles découvertes ont été Laurène Dorléac et son compte @climax.how, et Paola Craveiro et son compte @medfem.collective. Je ne développerai pas plus, le mieux et d’aller y faire un tour !
– C’est qui ton modèle ?
Le modèle féminin quand j’étais plus jeune (et toujours aujourd’hui) est Frida Kahlo. Bien qu’elle soit devenue une réelle icône, prétexte à la vente de mille et un objets dérivés, j’ai toujours eu une profonde admiration pour cette femme, sa vie et son oeuvre. Sa force de caractère et son talent n’ont pas beaucoup d’égal, c’était vraiment une femme admirable, j’en suis sûre.
Si je devais choisir une militante féministe qui m’inspire le plus aujourd’hui, alors je serai très malheureuse ! Il y en a tant qui m’inspirent… Le choix est juste impossible, chacune m’apporte quelque chose de différent. Mona Chollet, Marie Bongars, Iris Bey, Virginie Despentes, Maïa Mazaurette, Lauren Bastide, Victoire Tuaillon, et bien d’autres…
– Qui est-ce qu’on devrait suivre en ce moment sur Instagram ?
Les comptes Instagram sur le plaisir féminin que je préfère suivre (clairement impossible de tous les citer, mais en voilà un échantillon); définitivement @voxx_xx_audio @_laprediction @mystereetbouledoergasme @wi_cul_pedia @jouissanceclub @orgasmeetmoi @culotcreative… Et gros big up au compte @we_are_gina que j’aime beaucoup aussi.
Pour parler des gens qui me suivent, on est sur un bon 70/30 en terme de répartition femmes/hommes, ce qui est génial ! La moyenne d’âge est assez large, et se trouve entre les 18 et 44 ans pour la majorité (avec 45% de 25-34). Et en terme de localisation, ces personnes viennent du monde entier, et j’en suis rave !Evidemment, aujourd’hui encore, la vulve reste un tabou. Mon travail sert justement à normaliser sa représentation, trop souvent incomplète voire même inconnue. Le sexe et le plaisir dit féminin ont été longtemps mis de côté puisque le rôle de la femme était de procréer, et pas de kiffer au lit. Aujourd’hui (enfin), avec l’émancipation de la femme, on veut enfin rétablir la balance.
– Qu’est-ce que tu fais pour te re-booster quand tu te sens down ?
Ma série girl power du moment c’est The Queen’s Gambit ! J’aime particulièrement les décors et costumes de l’époque, et l’actrice principale, Anya Taylor‑Joy, est très singulière et charismatique.
– De quoi es tu le plus fière ?
Les projets dont je suis le plus fière sont de loin mon application @wetheapp, sur laquelle je travaille depuis presque 4 ans, et mon livre évidemment, que j’ai hâte de dévoiler à tout le monde
– La rencontre de tes rêves?
Si je pouvais rencontrer une femme (toujours vivante) sur cette Terre, je pense que ça serait Michelle Obama ou Meryl Streep. Je pense que ça n’est pas nécessaire de développer, quelles femmes.
Le truc le plus fou avec le fait d’être une femme, et je pense qu’on est toutes d’accord là-dessus (même si c’est pas ultra original), c’est qu’on a quand même mis l’humanité au monde ! Genre 100% des gens présents sur la Terre sont sortis du vagin d’une femme (pas d’une seule femme hein, on s’est compris). Bref, le processus de procréation nécessite bien-sûr la participation de spermatozoïdes, mais c’est quand même dans nos utérus que les embryons grandissent et qu’ils deviennent des bébés. Bref, incroyable quoi.
Laura @mydearvagina