– Décris toi en quelques mots
Unapologetic, true, visibility. Je pense que ce sont un peu mes 3 motos du moment !
– C’est quoi la beauté pour toi ?
Une émanessence que l’humain apprend tous les jours à dompter de la nature et de ses carcans.
– Est-ce que tu aimes ton corps ?
Pas du tout, mais j’apprends tous les jours à l’accepter, même si pour l’instant je ne le trouve en rien avantageux pour ma situation… Il n’y a que les chirurgies qui pourront en déterminer la finalité… du moins je suis humaine, donc j’espère de cela.
– Qu’est-ce qui t’a poussée à poser pour Superbe ?
La team Superbe c’est trois nanas avec un esprit 100 % empowerment du corps féminin. Elles m’avaient proposé de poser pour elles mais je n’arrivais pas à passer le cap. Discuter avec des proches m’a encouragée à me dire « Ok, tu es trans, tu uses de beaucoup d’artifices pour te sentir femme quand tu es habillée ; mais peut-être que le fait de porter des sous-vêtements et rien d’autre t’aidera à faire la part des choses et à assumer le fait de ne pas être parfaite », ce qui est vrai, pourtant, et je ne m’en excuse pas. C’est une leçon de vie pour moi-même, un défi que je me suis lancé.
– Qu’est-ce que tu aimerais voir plus dans les photos de mode ?
J’aimerais que l’on soit réaliste quant au fait de décomplexer le corps, que les créateurs, designers et photographes sortent dans la rue et arrêtent une trentaine de personnes au hasard, pour composer les modèles et muses de leurs métiers. Non seulement on parlerait d’inclusion, mais on ne serait plus dans le fantasme ; on s’ancrerait dans le quotidien, et cela n’empêcherait en rien de vendre du rêve.
– Qu’est-ce que tu aimes le plus chez toi ?
Je ne sais pas ce que j’aime chez moi physiquement. On m’a toujours dit que j’avais un visage « atypique » dans le sens positif du terme mais, pour moi, il reste un réflexion dysphorique de mon profond mal-être. Du coup, je dirais que c’est ma combativité, que j’ai découverte il n’y a pas si longtemps. Ca passe par beaucoup de self-care, et aussi un savoir-faire pour sortir de sa zone de confort. Je ne sais pas, ça entaille les personnes qui m’entourent ahaha !
– De quoi es-tu la plus fière ?
D’être indépendante en tant qu’être humain.
– Qu’est-ce qui te demande le plus de volonté dans la vie ?
De me lever le matin pour finir ma transition, une fois passé le cap dans quelques années, j’aurai sûrement d’autres problèmes plus futiles ahahah !
– Qu’est-ce que tu fais pour te re-booster quand tu te sens down ?
Un bubble tea de chez Bubble T. Paris (le Ambre).
– C’est quoi ton objectif dans la vie actuellement ?
Je suis un animal sauvage, j’espère finir ma transition avec la santé et l’argent qui va avec et, bien sûr, pouvoir faire de l’acting, du modeling, mais aussi de la vie d’acteur mon seul et unique métier… Si ça n’arrive pas, et bien disons PDG d’une entreprise ahahahah.
– Cite-nous une femme qui t’inspire
Janet Mock.
– Qui est-ce qu’on devrait suivre en ce moment sur Instagram ?
@aggressively_trans , @graziella_may ,@janetmock, @indyamoore et @metauxlourds
– C’est qui ton icône mode ?
Octavia Saint-laurent Mizrahi.
– C’est quoi ta fashion addiction ?
Les petites robes noires.
– Ton mantra dans la vie ?
« Penses à toi en premier ».
– « Empowerment au féminin », ça veut dire quoi pour toi ?
C’est s’auto-valider, s’auto-déterminer, s’auto-dicter, s’auto-expandre, s’auto-embellir, s’auto-donner du pouvoir dans un monde formaté à l’image d’un dieu phallocentrique, blanc, mâle, cisgenre, hétérosexuel, colonialiste et privilégié.
– C’est quoi le meilleur conseil qu’on t’ai jamais donné ?
« Tu devrais arrêter de t’occuper des autres ou d’écouter les autres parce que ce n’est pas eux qui apporteront le pain de ce jour sur ta table. Alors penses à toi en premier ».
– Quel conseil donnerais-tu à ton toi d’il y a 10 ans ?
N’attends pas de fuir pour crier que tu existes ou que tu souffres, hurles-le, ça finira par payer et, même si ce sera dur pour les personnes autour de toi de comprendre, il faudra juste leur dire : « je suis ainsi faite et ça ne changera pas ».
– Ça veut dire quoi pour toi, porter la culotte ?
Pour moi, rien, mais c’est encore une connerie patriarcale du 18ème siècle pour dire que les hommes ont le plein pouvoir sur la vie de leur compagne car, à l’époque, elles ne « travaillaient » pas… Enfin du moins les nobles, car les petites gens, elles, bossaient quand même.